À la découverte du théâtre anglophone en janvier et février!

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Par Cindy Savard

J’ai une confession à faire et c’est maintenant que ça se passe. Bien que ma grande passion soit dirigée depuis bien longtemps vers le théâtre, force est d’admettre que je n’ai (presque) jamais assister à des pièces en anglais. Bon, si on compte le Festival Fringe comme faisant partie de la dramaturgie anglophone, mon honneur est sauvé. Sinon … je comprendrais qu’on m’accuse d’avoir manqué d’ouverture d’esprit dans ma façon de consommer le théâtre. Cette confession s’accompagne d’une résolution : je vise à remédier à la situation pour la prochaine année. Après avoir épluché l’offre des mois de janvier et février, j’aboutis à ces recommandations pas piquées des vers fraîchement pressées pour vous.

Photo : Paul Griffin

Photo : Paul Griffin

Lungs

Jusqu’au 20 janvier à la Cour des arts

Avoir ou ne pas avoir d’enfant? Voilà une question qui peut faire chauffer le cerveau. Ce sujet est abordé dans cette pièce à travers l’univers d’un jeune couple allumé et réfléchi auquel il est facilement possible de s’identifier. Au-delà de la question fondamentale traitée pendant la pièce, plusieurs autres concepts s’entremêlent : celui du couple, des relations amoureuses, des rôles, des attentes, de l’illusion et la désillusion dans un dialogue fluide et teinté d’un humour à faire éclater de rire qui m’a tenu en haleine pendant les 75 minutes de la prestation. Présentée pour la première fois en juin 2018 dans le cadre du Festival Fringe d’Ottawa, cette pièce de l’auteur Duncan Macmillan et brillamment jouée par Megan Carty et Matt Hertendy s’est méritée une série de prix dont celui de la meilleure pièce (Outstanding Overall Production), celui de la meilleure performance masculine (Outstanding Male Performance) et le prix du Jury à la dernière édition du Festival Fringe d’Ottawa.

The Mountaintop

22 janvier et 9-10 février au Grand Canadian Theatre Company (GCTC)

Photo : Andrée Lanthier

Photo : Andrée Lanthier

Le GCTC est un véritable repère dans la région pour les amateurs de théâtre avides de productions made in Canada qui secouent les codes du théâtre traditionnel. À cet égard, The Mountaintop fait partie des pièces à ne pas manquer, non seulement parce qu’elle est porteuse d’un message historique important, mais aussi parce cette pièce a remporté le prix de la meilleur pièce de théâtre aux Olivier Award à Londres en 2010 et a eu le prestige d’être présentée sur Broadway en 2011-2012. Cette production met en scène Martin Luther King la veille de son assassinat, le même jour où il a prononcé l’un de ses discours les plus mémorables. La pièce se déroule au Lorraine Motel à Memphis le 4 avril 1968 et présente une discussion à caractère politique empreinte de poésie et de propos philosophiques entre Luther King et Camae, une femme de ménage à l’esprit dénoué. Cette pièce figure parmi les pièces à succès de la dramaturge américaine Katori Hall.

Minding Frankie

Du 17 au 26 janvier au Gladstone

Cette adaptation de Shay Linehan présente l’histoire du roman de Maeve Binchy, auteure prolifique irlandaise, d’un père célibataire et alcoolique habitant à Dublin qui se consacre à élever son bébé Frankie. La pièce a été présentée en première mondiale à Dublin en 2018 et est promise à un succès notoire, elle sera certainement présentée sur Broadway très prochainement. C’est donc une chance d’assister la première canadienne et de profiter du travail de cette auteure dont l’une de ses oeuvres est pour la première fois adaptée pour le théâtre.

Cette pièce sera présentée au Gladstone, l’un des vestiges théâtral situé dans la Petite Italie à Ottawa. Ayant ouvert ses portes en 1982, l’endroit a hébergé le GCTC avant qu’il ne décide de se relocaliser dans le quartier Westboro. Il a été repris par des administrateurs locaux qui l’ont revampé et la programmation est assurée par la conjonction de plusieurs compagnies de théâtre indépendantes. L’endroit est mystique, la salle contient 230 places et est fréquentée chaque année par plus de 25 000 personnes.

Stories of an Immigrant Child

Le 24 janvier au LabO de la Galerie d’art d’Ottawa

Ottawa Storytellers, ça vous dit quelque chose? Il y a si longtemps que j’aspire à faire connaissance avec ce groupe de conteurs et conteuses d’Ottawa! Voilà une occasion en or de faire la rencontre de l’une de leurs participantes les plus appréciées : Anna Kerz. En plus d’avoir été qualifiée de « conteuse lumineuse », Anna Kerz est également considérée comme « l'un des trésors du mouvement de la narration canadienne ». Les histoires qu’elle relatent présentent sa réalité en tant qu’immigrante arrivée à Toronto dans les années 50 et 60. Plusieurs de ses récits prennent vie dans une maison de chambres sur l’avenue Kensington qui était située à la limite de ce qui était alors appelé le Marché juif. Pour l’occasion, elle sera accompagnée de sa fille musicienne qui prend plaisir à joindre sa mère dans ces soirées, Susanne Farrow. Cet événement spécial s’inscrit dans la Série Signature et promet d’attirer plusieurs habitué-e-s, donc arrivons tôt pour avoir de la place!

*The (un)told series : Pour les amateurs de contes, sachez qu’il est aussi possible d’assister à des soirées au Heart & Crown du Marché By tous les troisièmes dimanches du mois.

The Vagina Monologues

21-22 février à la Cour des arts

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Depuis 20 ans que perdure la tradition de cette pièce qui avec le temps, a été traduite en 45 langues et présentée dans le monde entier. À l’origine de ce projet de théâtre, l’idée de Eve Ensler visait d’abord à récolter des témoignages de femmes de différentes origines et moeurs pour faire état de la relation que la gente féminine entretenait avec son corps. Les entretiens se sont avérées un terreau fertile aux confidences qui ont été recueillies par plus de 200 femmes et qui ont abouti aux Monologues du vagin. Cette production théâtrale est remise chaque année au goût du jour et met en scène des femmes qui, tour à tour, déclament un témoignage. C’est une occasion pour aborder la féminité, les joies d’être femme, les tribulations d’être amante, la fierté d’être mère mais aussi pour prendre conscience des violences qui leur sont encore trop souvent infligées. Les monologues du vagin ont d’ailleurs donné naissance au mouvement V-Day qui vise à combattre la violence faite aux filles et aux femmes à travers le monde. Les recettes récoltées lors des représentations servent à financer cette cause.

“Vagin”. Voilà, je l’ai dit. (…) Je le dis parce que je crois que ce qu’on ne dit pas, on ne le voit pas, on n’en tient pas compte, on ne s’en souvient pas. Ce qu’on ne dit pas devient un secret, et les secrets engendrent souvent la honte, la peur et les mythes. Je le dis parce que je veux me sentir un jour à l’aise en le disant, sans éprouver ni honte ni culpabilité.

Prince Hamlet

Du 27 février au 9 mars au CNA

Le théâtre français et le théâtre anglais du CNA ont de la suite dans les idées cet hiver. D’un côté seront présentées deux versions remodelées des oeuvres de Shakespeare : Hamlet et Le songe d’une nuit d’été. Du côté anglophone, Prince Hamlet prendra forme sur les planches du studio Azrieli. Qualifiée de méconnaissable et audacieuse, les amateurs de théâtre classique doivent se préparer à être saisis par l’approche non conventionnelle de Ravi Jain, fondateur de la compagnie Why Not Theatre de Toronto qui a adapté et mis en scène cette pièce. Réputé pour ses productions novatrices et son génie inventif, il a reçu des critiques dithyrambiques pour cette pièce qui a fait l’unanimité depuis le début de sa tournée pancanadienne.

Le Pressoir