Artiste en vedette : Mique Michelle

Murale “Telling the Truth” réalisée par l’artiste Mique Michelle en septembre 2018 sur un des murs extérieurs de la Trinity Anglican Church, à Ottawa

Murale “Telling the Truth” réalisée par l’artiste Mique Michelle en septembre 2018 sur un des murs extérieurs de la Trinity Anglican Church, à Ottawa

Par Elly Laberge

Chaque mois (ou presque), l'équipe du Pressoir tente de vous faire découvrir des créateurs d’ici en faisant la promotion d'une ou d’un artiste de la région qui mérite d'être mis en lumière. Pour les prochaines semaines, on vous propose de rencontrer Mique Michelle.

Pour Mique Michelle, l’art sert d’abord et avant tout à transmettre un message, qu’il soit à caractère politique, social, environnemental ou autre. Selon elle, l’art représente la façon idéale de créer un dialogue sur des sujets qui trop souvent divisent les collectivités.

C’est ce besoin de vouloir prendre position et de faire passer un message qui l’a poussé vers le graffiti et l’art urbain. Depuis qu’elle a commencé à créer des murales vers 2005, cette artiste-muraliste franco-ontarienne a réalisé une bonne soixantaine d’œuvres à Ottawa, sans compter les nombreux projets auxquels elle a participé aux quatre coins de l’Ontario et dans d’autres régions du Canada. On peut notamment admirer son travail sur la façade du Cinéma Bytowne où elle a réalisé une murale célébrant la culture franco-ontarienne avec l’artiste Kalkidan Assefa dans le cadre du projet Nos Muralités de l’Association des communautés francophones d’Ottawa, et sur un des murs extérieurs de la Trinity Anglican Church ou trône une œuvre puissante réalisée en hommage aux femmes et aux filles autochtones disparues ou assassinées. Mais on peut aussi trouver certaines de ses œuvres à l’intérieur comme dans les toilettes du Babylon Nightclub, au Union Local 613 et au restaurant Little Jo Berry’s de Westboro. Tout récemment, elle a également réalisé une murale de grande envergure au festival House of PainT d’Ottawa avec deux autres artistes. D’ailleurs, c’est la première fois en 9 ans qu’elle a pu participer à ce festival annuel en tant qu’artiste invitée au lieu d’y travailler comme coordonnatrice du volet graffiti; un rôle qu’elle a occupé avec beaucoup de plaisir pendant de nombreuses années.

Bien que son travail en photographie ait été présenté dans des galeries et dans des expositions de groupe, elle n’y accorde pas vraiment d’importance. Ce qui compte réellement pour Mique Michelle, c’est que ses créations soient accessibles au plus grand nombre de gens possible. Le graffiti, et par extension l’art public, lui permet d’atteindre cet objectif comme c’est une forme d’expression artistique qui peut être appréciée de tous sans les barrières imposées par les galeries qui bien souvent exigent un droit d’entrée pour accéder aux expositions ou qui constituent carrément un obstacle physique pour certaines personnes.

Portrait de Mique Michelle réalisé par Josh Hotz. Gracieuseté de l’artiste.

Portrait de Mique Michelle réalisé par Josh Hotz. Gracieuseté de l’artiste.

L’art permet aussi à cette artiste installée à Ottawa de travailler en collaboration avec des gens de tous les horizons et de tirer des leçons de ces personnes provenant de différentes couches de la société. Tel a été le cas lorsqu’elle s’est rendue à Mishkeegogamang, une petite communauté ojibwée isolée et sans eau potable située à 9 heures de route de Thunder Bay, en Ontario. Dans ce coin reculé de la province où les boissons gazeuses coûtent moins cher qu’une bouteille d’eau, elle a été accueillie à bras ouverts par les jeunes de la communauté qui l’ont appuyé tout au long de son séjour pendant lequel elle a réalisé trois murales sur des portes de garage municipales afin d’embellir le paysage urbain tout en apprenant à connaitre les réalités de ce peuple plus ou moins laisser pour compte par les instances gouvernementales. Ce fut une des expériences les plus enrichissantes de sa carrière jusqu’à maintenant sans compter toutes les murales qu’elle a réalisées dans des écoles, lui permettant ainsi de travailler avec des élèves qui découvrent souvent l’art de cette façon et qui sont sensibilisés envers ses bienfaits.

Son travail d’artiste lui a aussi donné la chance de voyager en Suède, au Mexique et aux États-Unis afin qu’elle puisse pousser sa pratique artistique encore plus loin tout en se faisant connaitre de publics à l’international et en tissant de nouveaux liens avec des artistes et des communautés à l’étranger.

Il est clair que pour cette passionnée du graffiti, ce qui importe le plus est de concentrer ses énergies sur les côtés éducatif et engageant de l’art et de mobiliser ses connaissances et son talent afin de soutenir des gens marginalisés et vulnérables qui n’ont pas la possibilité de s’exprimer. Donc, la prochaine fois que vous verrez une de ses murales, prenez le temps de vous arrêter, de vous questionner, d’absorber ce que vous voyez et de réfléchir au message qu’elle tente de vous envoyer. Car, c’est ainsi que le dialogue se créer.

Pour suivre Mique Michelle sur Instagram, c’est par ici.