La genèse du Sentier culturel

Par Scott Simpson

Quand la nouvelle mouture du Sentier culturel a été annoncée en juin, je me suis rappelé une conversation que j’ai eue avec la commissaire de ce projet. Il y a environ un an, assis sur la terrasse au bureau du FOÉ avec Samuelle Desjardins, je lui partageais mon admiration pour l'exécution de la première édition du Sentier culturel. Ce projet part de la volonté de la Ville de Gatineau de se créer un tracé, un peu comme les Passages insolites à Québec et la Freedom Trail à Boston, et c’est à Samuelle qu'on a confié le mandat de le coordonner. No biggie. C'est aussi elle qui a confectionné les oiseaux colorés assemblés à travers la ville l'été dernier. C’est ce côté ludique que j’aime le plus chez Samuelle. Ça, et sa capacité de voir le potentiel de notre environnement, et de l'améliorer.

Les piliers du post-modernisme de LEGAGA (Québec) Photo : Radio-Canada/Alice Chiche
 

Cette année, c'était évident que la Ville devait renouveler ce projet; les retombées étant bien apparentes, autant pour l’achalandage du centre-ville que celui de ses commerces. Cette fois-ci, on y consacre une enveloppe sur quatre ans. Avant que cette décision soit prise, disons qu'il y a quand même eu assez de temps qui s’est écoulé. Et donc, la fenêtre pour concevoir, planifier, et mettre en exécution l'édition 2018 n'était pas très grande. L'appel de dossiers s'est avéré plutôt difficile aussi, par manque de compréhension ou par manque de communication, mais Samuelle a tout de même réussi à rassembler une collection impressionnante d'œuvres d'art public.

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Dans le ruisseau de la Brasserie, on trouve l'œuvre Le Chevreuil de Mathieu Gotti, qui « invite le spectateur à s'interroger sur l'impact de nos modes de vie sur la nature ». Lorsqu'elle a été installée, j'ai reçu un texto de Cindy avec une photo de l'œuvre accompagné d'un point d'interrogation, car le panneau explicatif n’y était pas encore. Je savais que c'était du Sam tout craché. Sur le sentier de cette année, on trouve plusieurs autres œuvres éclatées, mais aussi philosophiques, et dont la critique n'est pas unanime. Comme par exemple la pièce Question d'intégration sur le pont Montcalm qui « situe d'emblée le visiteur face aux notions d'expansion et d'excès ». Mais comme Sam me rappelle : ça fait jaser, pis c’est ça l’essentiel de l’art, de faire réfléchir.

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L'idée c'est aussi d'assembler des œuvres qui deviendront une collection permanente pour la Ville, comme les vitrines d'Artéfact urbain qui sont à mi-chemin entre l'art, le design, et l'histoire. À l'intérieur, il y a des reproductions d'artefacts significatifs imprimés en 3D. C'est très cool. J'ai eu la chance de rencontrer Jeanne et Aaron, deux des trois membres de l'équipe Artéfact urbain, pendant l'installation d'une des vitrines au Théâtre de l'Île, durant laquelle nous étions entourés de bernaches, en pleine canicule. Disons que j'ai sué, mais ça en a valu la peine. Le concept est efficace dans sa simplicité, le tout présenté dans un objet attrayant et discret. J'aime.

Malgré cette simplicité, c'est quand même du travail d'arrache-pied. Ce qui est clair durant notre conversation, c'est que ça n'a pas été facile. Mais la satisfaction de voir le centre-ville de Gatineau s'animer et se transformer en vaut le coup. Les collaborations avec Vision Centre-Ville et Tourisme Outaouais commencent à porter fruit, incluant le projet de murales et la ruelle des parapluies. Cette année, c'est majoritairement de la diffusion artistique, mais Sam aimerait voir une plus grande place consacrée à la création d'œuvres originales dans le cadre du Sentier; des œuvres qui pourraient potentiellement voyager à l'extérieur de la région. Et pourquoi pas un réseau de tracés artistiques à travers le Québec, voire le Canada? L'idée n'est certainement pas écartée. Et même si Samuelle quitte bientôt son poste à la Ville, elle espère pouvoir continuer à contribuer aux prochaines éditions du projet. Il y en reste encore au moins trois !

Ce qui est bien, c'est que les partenaires, les entreprises, et la Ville ont maintenant tous la volonté de préserver ce projet et de le voir évoluer. En tant que résident du Vieux-Hull, ça fait franchement du bien de voir de la couleur et de la culture intégrer à mon quotidien. L'exécution du Sentier démontre qu'avec une ouverture et une bonne dose de créativité, on peut non seulement transformer un quartier, mais aussi en faire une destination.


Retrouvez facilement tous les morceaux du Sentier culturel, incluant ses descriptifs, sur l'application Go Centre-ville !