Rendez-vous en imaginaire inconnu : exposition d'Aymara Alvarado Sanchez au MIFO

La Mère-unicorn, gracieuseté de l’artiste

par José Claer

13.  L’un de ces nombres est une clef et l’autre une serrure; à vous de choisir. C’est que l’artiste Aymara Alvarado Sanchez, d’origine mexicaine, présente 13 tableaux sur les murs de la Galerie Eugène-Racette du MIFO, à Orléans. Il n’y a aucune faute de lumière, acrylique ou huile ici, la peinture utilisée semble nous crier qu’elle sera toujours fauve et jamais sèche. Tout est « whimsical ».

Le Cirque, gracieuseté de l’artiste

Ayant débuté ma déambulation seul, j’ai laissé les œuvres m’approcher pour un dialogue tout en fous rires.  « Le Cirque » exige qu’on épouse la ligne souple, fluide d’un poisson qui aurait bouffé un arc-en-ciel et qui explose de couleurs pastels, bouffe à nouveau la tête d’un personnage nu. Poisson oui, dont toutes les écailles auraient été remplacées par les plumes du Quetzalcoatl-Ouroboros. Au bas de la composition, il y a des collages de revolvers en strass, des photos de présidents d’Obama à Putin, tous maniant un bâton qui ne serait pas magique, mais prêt à battre l’homme-pinata au sombrero. L’homme-peuple gorgé de sa propre mort, tout ce que les multinationales, les colonisateurs modernes exploitent en terre du Tiers, notre hyperconsommation qui siphonne l’essentiel et ne laisse à ces habitants qu’une putréfaction constituée de McDo et de Coca-Cola. Tout ce que je trouvais satyre devient satire.

Tête-à-tête avec « La Mère-unicorn ».  Ici, une mère-nature porte, non le phallique sur son front, mais le suffixe : « corn/blé d’Inde ».  Toute l’Amérique du bas-ventre est contenue dans ses grains d’or qui crissent le camp sous la dent. Nation consommée. Un visage au sexe plutôt « iel » armé de 3 paires d’yeux. Le « 3 » serrure ou le « 3 » clé ? Cette toile est triangulaire et sur la tête du personnage unique/eunuque, une mini-pyramide Inca, devenue fondant, gélatine, magma, peut-être un cône d’encens dansant. Les 6 yeux représentent les 6 sens avec lesquels on appréhende et on entre en connaissance avec le monde du visible et de l’invisible.

Chaman, gracieuseté de l’artiste

Pour terminer ma visite de l’imaginaire d’Aymara, je vous offre le dernier élément choisi de ma trinité de déités : « Tragatelo » de l’espagnol qui veut dire « avalez-le ».  On a eu droit à la pinata, on continue avec le gâteau d’anniversaire.  Vraiment, on est dans l’ère de fête… à failles. Le glaçage usiné déborde de collages, de formes rondes comme des miroirs, des montres, tant d’artéfacts reliés par un inconscient collectif Nord-Sud alourdi par la surconsommation à outrance/à outrage. Une verticale au centre. Deux crucifiés.  Une femme noire en haut, ses seins sont les yeux exorbités d’un amphibien dont la bouche s’ouvre sur ce qui pourrait être un accouchement par césarienne d’une salade César carbonisée en usine. Et en bas, Jésus Christ épinglé sur un utérus sanglant. Enfantement suite au viol d’un matrimoine surexploitée.

À votre tour maintenant. Prendrez vous la clé ou la serrure? Je vous suggère, de prendre la porte qui mène au 6600, rue Carrière, au MIFO d’Orléans, pour voir avec vos yeux de chair et vos yeux d’éther « Ouverture du cœur » D’Aymara Alvarado Sanchez jusqu’au 8 janvier 2023.

Exposition d’Aymara Alvarado Sanchez

Quand? jusqu’au 8 janvier 2023
Où? Au MIFO (Orléans)
Combien? Gratuit